Elle se tenait les jambes, recroquevillée sur elle-même en répétant inlassablement ces mêmes mots : « Tout va bien… Ce n’est pas grave… Tout ira mieux… Ca ne peut qu’aller mieux… ». Et elle savait que demain tout irait mieux. Il lui suffisait simplement de remettre une couche. Une couche de ‘semblant’. C’est pourtant si simple…
Hier trois personnes lui ont dit qu’elle avait le plus beau sourire jamais rencontré. C’est vrai. Elle a un beau sourire. C’est aussi ce que l’on voit le plus chez elle ; son sourire. C’est un adjectif qui lui sied à la perfection : souriante. Pour un rien, pour tout.
Mais ce soir, en ouvrant la porte de son appartement, comme elle le faisait tous les soirs, elle retira son masque et le posa sur la table. Elle le regarda pendant quelques minutes et le trouva beau.
Elle alluma la télévision et elle vit un groupe d’alcoolique se concerter et se dévoiler. Ils avaient posé leurs masques, eux aussi, sur le comptoir, en confiant : « On a la pudeur… La pudeur de dire que l’on souffre ».
Elle, elle avait la pudeur de souffrir et elle le cachait sous son sourire.
C’est si beau un sourire de tristesse…
Et son visage s’était transformé. Et sa douleur s’était éprise d’elle. Elle riait à travers le miroir. Elle riait de ce rire dissimulateur. De l’autre côté, elle s’arrachait les tripes pour voir ce qui lui restait au fond… Au fond, rien de beau. Juste des non-dits. Juste un monde de semblants. Elle jouait aussi le jeu. Elle faisait le pantin.
Elle remettait son masque souriant et souriait aux passants. Elle jouait son jeu. Le jeu de la vie. Un semblant perpétuel.